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Artiste pluriel (musique, photo, écriture & poésie) à tendance vagabonde, un peu zébré sur les bords.

Poésies.

Parfois, les images, les notes ne suffisent pas.
Seuls les mots peuvent alors ancrer la vision d’un instant, la fulgurance d’une émotion.

Ces poèmes, ces textes, se veulent des instantanés. Les reflets d’une vie à parcourir les sommets et les vallées, les ombres et les lumières.

Les chevaux sauvages.

Souffle.

Pose sur moi tes rayons de lumière
Dans le berceau de la nuit diaphane,
Alors que le rythme des heures se fait plus distant.
Moins bruyant.

Et dans la course des mots sur le papier,
Laisse enfin vivre ces traces éphémères
Que seuls les chevaux sauvages savent suivre,
Dans le blanc de la nuit.

Le bruit du monde.

Il est là, tapi à mes pieds.
Le bruit du monde.

Ce ressac incessant, d’où jaillissent parfois quelques larmes d’écume,
Dont le scintillement soudain déchire ces ombres qui dansent.
Elles dansent autour de moi. Autour de nous.
Les ombres noires.

Le regard planté au loin,
Il y a cet horizon vers lequel ne peuvent encore porter les yeux.
Cette ligne suspendue entre ciel et terre.
L’obscurité est insondable mais déjà,
Derrière cette porte entrouverte, filtre une lumière.

L’aube.

Sens-tu le parfum ocre de la terre,
La morsure du froid et cette caresse, celle de la brume sous ta main ?
Il y a désormais un mouvement tenace et imperceptible,
Celui des vagues dans mon corps.

Comme la promesse d’un rivage encore invisible.

Et puis là, à la surface, juste au-dessus de l’horizon,
Ce silence impénétrable.
Celui de nos propres cimes,
Où brillent les ultimes lumières du crépuscule.
Et naissent peu à peu celles de la nuit.

Je suis prêt.
A partir.

Tu as dit que les lignes de la vie sont comme celles du temps,
Qu’elles se dessinent au fil des couleurs que l’on dépose dans nos sillages.
Que derrière nous, on ne laisse finalement que les reflets de notre passage.
Et des souvenirs. Comme des cartes postales.

Alors, laisse moi. Laisse moi me fondre une fois encore dans le bleu du ciel.
Fermer les yeux, voir au-delà de l’écho diffus de mes propres peurs.
Et déchirer les voiles, pour laisser le vent m’emporter au loin.
Une dernière fois.

Et vivre.

Là.

Elle est là, seule.

La brise soulevant lentement ses cheveux en une caresse délicate,
Comme le font les vagues sur les lignes éphémères de l’horizon.
Ses yeux ne clignent désormais plus sur les lumières de l’aurore,
Bordés du sel de ces embruns qui s’envolent lentement vers le ciel.
Les larmes ont depuis longtemps séché sur les rives de son visage,
Une grève ombragée où s’échouent désormais quelques sourires.
Limpides et fugaces, comme la foudre d’une nuit d’été.

Il est là, seul.

Son regard couvrant ces horizons différents de ceux qu’elle voit à cet instant.
Et pourtant, esquissés sous le toit d’un même monde.

Il attend un signe.

Se dit qu’au milieu du tumulte et par-delà ces montagnes, elle vit.
Quelque part où ses yeux ne peuvent encore se poser
Mais où bat déjà un peu son cœur.

Se croiseront-ils sur les lignes de cette vie ?
Saura-t-il la voir au milieu de tous ces autres ?
Pourra-t-elle le reconnaître, dans les couloirs bondés du tumulte ?

Elle est là.
Il est ailleurs mais pourtant, ici.

Là où deux mains tendues se touchent presque, dans le souffle d’une intuition.

Les vestiges.

Je suis un oiseau des cimes.

Un roi de plumes régnant sur les solitudes, perché sur un éperon rocheux.
Les sens aux aguets, mon trône sur le flanc d’une montagne aux cimes acérées.

Autour de moi, un silence absolu.

Le vent s’est peu à peu retiré du décor
Et seule la mélodie indistincte qu’il fredonne,
En se faufilant au gré des aiguilles de pierre, me parvient.
Au loin, le jour décline et les dernières lueurs du coucher
Baignent la roche sombre d’une lueur orangée et violette,
Qui donne à ces crêtes l’allure de cathédrales dressées
Par des mains de géants, aujourd’hui disparus.

Je suis seul.
Et pourtant, m’entourant tel un manteau d’ombres et de lumières, il y a comme un tout.

Alors, lentement, je déploie mes ailes
Et d’une légère impulsion, je m’élance.
Dans le vide.

Le temps s’arrête et l’espace d’un flottement, d’un battement de cœur, je crois tomber.
Je ferme les yeux. Et soudain les ouvre à nouveau, surplombant le monde, flottant dans les airs,
Les plumes épousant des lignes invisibles, dans un murmure imperceptible : celles de l’air.
Il n’y alors plus que cette sensation d’apesanteur. De ne plus entièrement appartenir au monde.
D’être dans un entre-deux où rien n’existe vraiment, hormis la sensation d’être profondément vivant.

Alors, dans les soubresauts du monde qui me parviennent dans un écho lointain,
Je me sens voler au-dessus des éminences.

Avec pour seul horizon, l’univers.
Avec pour seul but, l’instant.
Avec pour seule certitude, l’unisson.

Sous la surface.

Il y a ce vent qui souffle,
Qui agite les feuilles mortes à la surface.
Comme pour leur redonner vie,
Une seconde fois. Pour vivre d’autres possibles.

Il y a l’écho sourd des jours passés,
Disparus sur le fil de l’eau qui s’écoule,
Dans les méandres de ce temps qui file,
Échappant à la course de ces nuages déjà au loin.

Et puis, il y a toi, cachée sous la surface.
Invisible à qui ne sait voir, dissimulée pour qui ne sait regarder.
Et pourtant, dans la folie de la vie, je t’ai vu soudain, sous le voile.

Comme on voit une vérité depuis trop longtemps oubliée
Dans la lumière blanche et aveuglante du soleil.
Tu étais juste là, à portée de main. Sous la surface.

Et je danse.

Je danse au milieu de la nuit blanche,
Mes rêves valsant au bout des doigts,
Mes insomnies palpitant au creux de la main.

Il y a comme un halo qui brille dans le lointain,
Qui se reflète dans les courbes de l’horizon
Et de ces notes révélées par le silence autour.

Grand est le monde quand il semble dormir,
Peuplé de ces bouts de soi, oubliés au matin,
Comme autant d’invitations à d’autres lendemains.